Mon livre doudou

Je suis gourmande je l'ai déjà dit, ma lecture préférée est donc une trilogie.

Le gout du bonheur écrit par Marie Laberge

Il s'agit d'une saga familiale qui se déroule entre les années 30 et les années 70.

Les 2000 pages qui la composent vont également vous amener à découvrir l'histoire avec un grand H et l'histoire du Québec plus particulièrement.

On découvre la famille Miller et ses 5 enfants, le couple est heureux... même complice, ce qui est, non seulement pas la coutume, mais est relativement mal vu. Les mauvaises langues diront qu'il y a de l'envie là dessous... mais le livre vous amène à comprendre que ce n'est pas seulement de l'envie, mais de la peur face à une relation qui déstabilise et dérange l'ordre établi.

Les enfants ont chacun des personnalités bien dessinées. L’aînée, Adélaïde 7 ans, passe ses journées avec Florent 3 ans, le fils de la bonne, au grand dam de tante Germaine qui toute coincée dans son corset et victimes de vapeurs ne comprend pas cette amitié. Chacun à sa place, ah... si elle savait Germaine!

Nous plongeons dans la société des années 30 au cœur de la grande dépression qui n'épargnera pas toute la famille, la lutte des femmes pour la reconnaissance de leurs droits : lutte face à la société mais lutte intérieure aussi. S'accepter comme il est sera aussi le combat d'un personnage central.

Les enfants grandissent et soudain c'est la guerre qui gronde, qui éclate... comme un orage --chapitre qui vous fera vibrer-- se termine. La vie doit reprendre son court, avec ses pertes, ses remises en questions... les retrouvailles dont on a rêvé et qui ne se passent pas de la manière dont on les avait imaginées, celles qui tardent, celles qui n'auront pas lieu et celles qu'on aurait aimé qu'elles n'arrivent jamais.

On découvre le monde d'après, ce qui fait l'histoire du Canada, ce qui fait du Quebec une province à part, ce qui l'a éloigné des provinces anglo saxones. On sera immergé dans une société guidée par un catholicisme en peine, le pauvre curé Gendron aura bien du mal à faire entendre la signification du mot miséricorde. Soudain alors que le téléphone n'était même pas présent dans les maisons, on découvre la radio et puis même la télé... La technologie avance, la société essaie et nos personnages évoluent.

Ils sont multiples, hauts en couleurs, attachants, forts et fragiles, ils ne sont pas linéaires. Et puis il y a Nic....

C'est une trilogie sensorielle, sensuelle qui vous fera vibrer, trembler, pleurer --j'ai même mis le livre au congélateur quelques jours--, qui vous portera par son énergie et sa vivacité. La vie quoi...

Mon extrait préféré se tient en une phrase "Ce qu'on peut changer, on va le changer, ce qu'on ne peut pas, on va s'y faire. D'accord? D'accord!"

NB: Gabrielle, le 1er tome de cette formidable trilogie m'a été offert par une amie très chère et tout aussi formidable. Elle m'a offert ce jour-là bien plus qu'un simple cadeau, elle m'a offert un doudou pour la vie.

Elle m'a tout de même donné un conseil : "promets moi que tu liras plus d'une dizaine de pages car il faut s'habituer".... Je ne vous ai pas dit? Si l'action se déroule au Québec.... le langage va avec! Mais rassurez vous un lexique en fin de livre vous aidera....

Pour terminer, j'ai dû racheter chaque exemplaire pour la deuxième fois, les doudous souffrent de l'affection qu'on leur porte.